IA générative et mutations du travail

Comment concilier les intérêts des entreprises avec ceux des non-humains ? C’est l’objet de cette conférence organisée

IA générative et
mutations du travail

Les différentes techniques d’apprentissage automatique permettent désormais aux ordinateurs de réaliser des tâches cognitives non routinières. Alors que la transformation numérique n’a jusqu’ici impacté que l’organisation du travail chez les cols blancs – par exemple, avec la démocratisation du travail à distance – , la vague des techniques d’apprentissage automatique risquerait-elle de rendre leurs compétences obsolètes ? 

Trois études récentes (et sérieuses) apportent des premières réponses. 

Mécanismes des gains d’efficacité au travail par l’IA

Une étude de l’Université de Stanford, réalisée dans un centre de service client en ligne équipé d’une IA assistante, révèle les impacts spécifiques de cette technologie. Les chercheurs ont observé une augmentation moyenne de productivité de 14%. Les novices en ont plus particulièrement bénéficié, avec des améliorations de performance allant jusqu’à 34%, tandis que les employés expérimentés n’ont pas vu de changement significatif. L’IA, entraînée avec des données des meilleurs employés, aide les moins expérimentés à apprendre plus vite et à atteindre le niveau des plus performants. Ainsi, l’IA peut faciliter l’accès à des connaissances auparavant implicites et réduit les écarts de performance entre les employés.

L’IA “augmente” le travail plutôt que de l’automatiser

L’étude de l’OIT distingue deux effets de l’IA générative sur l’emploi : automatisation et augmentation. En France, le potentiel d’automatisation est estimé à 5,5% du total des emplois, affectant principalement les postes occupés par des femmes. L’augmentation, qui représente une automatisation partielle des tâches, pourrait toucher plus de 13% des emplois, sans différence significative entre les genres. Cependant, certaines activités pourraient être soit automatisées, soit augmentées, portant le potentiel d’automatisation à près de 18% et celui de l’augmentation à 25%. Il est important de noter que ces chiffres représentent un potentiel et non une prévision concrète. Les domaines les plus susceptibles d’être automatisés incluent :

  • Communication et tâches administratives
  • Service client et coordination
  • Gestion et archivage des données
  • Traitement de données/informations et services linguistiques
  • Services d’information

L’IA risque d’accroître certaines inégalités au travail

L’étude de l’OCDE révèle que l’IA dans les secteurs de la finance, de l’assurance et de l’industrie manufacturière pourrait accentuer certaines inégalités. D’abord, les compétences en gestion et maintenance de systèmes intelligents, combinées à des compétences managériales, sont très bien rémunérées, exacerbant les écarts de salaire dans un contexte de gel des salaires général. D’autre part, l’intégration de l’IA dans les décisions managériales peut objectiver ces dernières mais porte aussi des risques de biais inhérents à toutes les phases de son développement. De plus, les emplois occupés principalement par des femmes sont plus susceptibles d’être automatisés, creusant les inégalités de genre. Enfin, le développement rapide de l’IA risque de renforcer le fossé numérique, mettant ceux qui maîtrisent les technologies en avantage par rapport à ceux qui en sont exclus.



Les performances spectaculaires des systèmes d’IA, et la fascination qui en résulte, tendent à déformer notre perception des défis à venir pour le monde du travail. Certes, l’IA générative pourrait bouleverser 1,5 millions d’emplois en France. Mais à titre de comparaison, le Shift Project estime à 4 millions le nombre d’emplois radicalement affectés par les impératifs du virage écologique . Raison de plus pour faire de l’introduction de l’IA au travail l’objet d’un véritable dialogue organisationnel ! Entre 2021 et 2023, Ultra Laborans a contribué, aux côtés d’organisations syndicales et professionnelles, à formuler des recommandations qui vont dans ce sens. Le rapport final est disponible en téléchargement sur ce lien.